CREDIT
POUR L’ENFER
Crédit pour
l’Enfer : dix-neuf ans de confrontation entre un homme, l’auteur Yvan
Kermadec, et une institution bancaire
synonyme d’impunité.
De manière
obsessionnelle, l’hydre financière hante l’individu et marque cette période du
sceau de la meurtrissure.
Ce roman est avant
tout le témoignage de la ténacité d’un homme. Si le mal est légion, Yvan
Kermadec puisera lui aussi ses ressources dans l’éclectisme ! Une femme,
Hélène ; les hauts et les bas d’une relation riche. Mais aussi ce
formidable élan qui emporte l’homme à aller s’abreuver à la source de l’art
lorsque celle de ses espoirs face au géant financier commence à se tarir…
Une lutte quotidienne
contre un mal de vivre qui s’installe. Yvan Kermadec écrit, certainement.
Seulement, au gré
des rebondissements juridiques, selon les aléas des décisions administratives,
entre les rendez-vous chez son avocat et cette effroyable attente faussement
réconfortante, l’homme exerce l’activité du comédien. La figuration, le cinéma,
les plateaux de tournage : une vraie compensation par la reconnaissance de
son talent d’acteur. Yvan Kermadec se réalise en jouant, autant qu’il est
authentique face à l’administration financière qui le broie année après année.
Yvan résiste, son besoin salvateur de clarté est un remède qui fonctionne !
Dans cet ouvrage
clair, les évènements et les obstacles s’enchainent chronologiquement. De 1991
à 2009. Une narration à l’instar de celle d’un curriculum vitae bien rempli,
celui d’un gladiateur moderne dans les arènes de la finance.
Crédit pour l’Enfer
est un roman d’où se dégage une pugnacité de chaque instant, menée au service
d’une cause juste. Car si l’enfer est pavé de bonnes intentions, les lobbies,
les coulisses des banques et des prêts, les arcanes d’un pouvoir partial et
d’une justice arbitraire sont autant de têtes que l’hydre de l’endettement
possède. Le combat qu’a mené Yvan Kermadec contre cette administration au raisonnement
anéantissant et absurde, contre ces promesses non tenues et ces faux espoirs
donnés à bon compte, est certainement la croisade moderne que poursuivront
dorénavant un pourcentage croissant de citoyens attachés aux valeurs
transparentes d’antan.
Et, si ce qui ne
tue pas nous rend plus fort. Yvan Kermadec nous signe ici, avec brio, le crédit
d’un formidable exemple : celui de la foi en soi-même !
Alan DESROCHES
2013, 293 pages, 18 €
P. J. : article illustré par Rodrigue
Duvernay